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J'aimerais bien une c

Interview Charles-Eric Charrier : La musique comme expérience

 

 

Charles-Eric Charrier est un de ces personnages de l’art nantais, silencieux, marginal et marquant dans son œuvre. Ce musicien capable, dès son premier cours de basse, de se lever et de s’en aller car il savait que ses défauts allaient devenir son œuvre, nous accueille dans son antre.

D’abord bercé par la vague Punk, Charles-Eric Charrier a démarré la musique au début des années 80. Issu du mouvement After Punk et New Wave, l’artiste a très vite trouvé sa voie lors d’une rencontre avec un groupe de musique expérimentale rythmé par des réveils et aux batteries de taule. C’est cette expression musicale particulière que le bassiste nantais a adoptée et qui c’est ce l’a poussé à monter, avec ces mêmes musiciens, le groupe Nogodada. En parallèle Charles-Eric C. fonde le groupe Dreta Lorelie avec le chanteur de Nogodada. Un groupe qui dure une dizaine d’années et qui connaitra un épilogue « douloureux » : « C’est avec nos erreurs que l’on s’améliore » et c’est ainsi que Charles-Eric C. enchaîna le duo « Man » et sa carrière solo.

Son âme est empreinte de l’esprit des Sex Pistols. Le « Just do It » et la générosité de Johnny Rotten, chanteur à l’apogée du groupe anglais, l’ont vraisemblablement marqué à jamais. Charles-Eric C. se proclame « héritier des années 80 » innovant dans la musique en permanence, sans comparaison possible.

 Il se laisse porter par sa musique, s’oublie pour mieux se trouver…

Lorsque nous lui parlons de composition, la discussion prend un autre tournant : nous apprécions l’ampleur de sa créativité. Il se laisse porter par sa musique, s’oublie pour mieux se trouver à l’intérieur car « la découverte de soi est déjà expérimentale ». De nombreuses personnes l’ont influencé notamment le premier bassiste des Cure, des Stranglers et les partitions rondes en contrechant de la basse de Gainsbourg qui laissent une grande place au texte pour mettre en valeur son parlé .

Généreux dans sa musique, l’artiste l’est également dans la vie et tient à rendre hommage à ses plus proches collaborateurs avec qui il travaille depuis un certain temps déjà. Cyril Secq, le guitariste du groupe « Astrid », Nicolas Richard « Kovalesky » et Renan Benoît. C’est avec ces personnes là qu’aujourd’hui un nouvel album intitulé « Paper » et un projet d’orchestre voient le jour. Enfin pour les amoureux de musiques expérimentales, il sera présent le 7 Décembre au Blockhaus DY-10, pour un concert qui promet un voyage et un dépaysement auditif total.

Nous quittons Charles-Eric C., appareil photo en main : « Une photo de moi ? Et pourquoi pas la photo d’un arbre ou d’une plante qui prend ses racines dans la terre pour pouvoir s’élever au ciel ».

Prochain concert : 7 décembre à 20h30 au Blockhaus DY 10, Bd Léon Bureau (île de Nantes)

Rédaction: Kevin Dedieu // Illustration: Twindaisies Records

 

 

 

Interview Twin Daisies Records sur le site de Tohu Bohu!  

                                                           

« Ca faisait déjà quelques années que je m'intéressais à la production du disque, au début par nécessité et puis avec le temps par envie, et finalement par amour... » explique Fred Drouin, musicien (Smith Smith, Lokka). C’est avec quelques amis que le passionné a fait ses armes dans la production de disques, en sortant les compilations « Molécules 5 », puis les disques de Lokka.

 
 

La petite bande a rapidement créé un label : Joint Venture Records. Parallèlement, Fred Drouin a monté son propre label, Twin Daisies Records, « pour suivre d'autres chemins et laisser s'exprimer sa propre vision des choses ». Début 2010, l’album de Mike Bruno officialisait la première sortie de Twin Daisies. Aujourd’hui, le label en est à sa 7e sortie, la dernière en date étant 5 Little Elephants, groupe composé du nantais Charles-Eric Charrier et de l’anglais Neil Carlill.

Par Lucie Brunet

Photos : DR

Rock, folk, pop, drone, expérimental… artistes locaux, internationaux… Le label Twin Daisies ne s’interdit rien ! Comme le dit Fred Drouin (FD), « deux choses comptent à mes yeux. Premièrement, il faut que le projet musical me touche sincèrement. Deuxièmement, il faut que je me sente en adéquation avec l’artiste et son projet. Quand ces deux conditions sont au rendez-vous, il n’y a plus de barrières et le reste se fait naturellement. ».

Twin Daisies, c’est avant tout un échange, une aventure humaine qui aboutit à un objet soigné. Le choix des visuels et la fabrication des pochettes sont des éléments importants pour FD, et ce, quitte à fabriquer chaque exemplaire à la main à l’instar du très bel album de Mike Bruno. « Pour présenter au mieux mes artistes je m'implique à fond dans la fabrication des pochettes, une idée neuve à chaque fois, des matériaux différents et une écoute des envies de chaque artiste, souvent nous discutons ensemble de l'artwork et je leur laisse beaucoup d'espace ».  Une pratique qui demande beaucoup de travail et oblige des sorties en séries très limitées (de 50 à 300 copies). « Je suis satisfait de ce cadre, ça reste humain et d'une certaine manière, cela donne une valeur ajoutée aux disques. Moins mais Mieux... ».

Chaque projet musical étant différent, le choix du support n’est pas anodin. CD, CDR, K7 ou digital, à chacun son support. Même si FD le consent : « Avoir tous ces choix à disposition me permet de mieux m'adapter au projet. Mais il y a aussi une histoire d'argent, le nerf de la guerre. » Du coup, il s’autorise volontiers à travailler avec d’autres labels proches de sa vision des choses, comme il l’a fait pour la dernière production en date : 5 Litlle Elephants. « C'est un plaisir que de partager cette sortie avec le label Haute Magie Records, je me suis occupé de la production des 300 Cds et eux travaillent actuellement sur la sortie de 300 versions Vynils et 100 cassettes audio. J'aurai d'ici peu des exemplaires à vendre. ».

Vous l’aurez compris, l’objet (le support, la pochette…) constitue le fondement de Twin Daisies. « Néanmoins j'ai la possibilité de mettre chaque album à disposition du public en version digitale (via Bandcamp) et je sais que beaucoup de gens fonctionnent de cette manière alors autant qu'il y en ait pour tout le monde. Dans le futur, je pense refaire des sorties comme celle de Jean-Louis Billy, uniquement en digital, ça me permet de présenter des artistes que j'aime à des périodes où je manque soit d'argent soit de temps pour produire des disques ! Une alternative... » précise FD.

Twin Daisies en est à sa septième sortie. On récapitule :

Mike Bruno (50 copies/Cdr/2010), (<Ö>) (50 copies/Cdr/2010), Smith Smith (50 copies/Cdr/2010), Pillow Pilots (100 copies/Cdr/2010), Berlikete (50 copies/Cdr/2010), Jean-Louis Billy (Digital/2012) et pour finir 5 Little Elephants (300 copies/Cd/2012) qui ne déroge pas à la règle, un très bel objet avec pochette sérigraphiée, également disponible en version Deluxe !

                                                                                                                                                                                          Chronique 5 Little Elephants -            Rif Raf   (Fabrice)

 

Acteur à part de la scène indépendante française,
on le connait entre autres sous le pseudonyme
d’Oldman, Charles-Eric Charrier n’a guère
froid aux yeux quand il se lance dans l’agitation
de traviole. Après un excellent ‘Silver’ paru l’an
dernier sur la passionnante maison Experimedia,
où il complotait du jazz sous ombre post rock,
mais aussi après avoir tranché les intrigues blues
de son spoken word enfumé sur ‘Oldman’,
le Nantais s’associe au songwriter anglais Neil
Carlill, homme aux multiples collaborations du
haut de ses 45 ans, tel un rappel acoustique
de la très réussie rencontre entre Christophe
Bailleau et Neal Williams. Après un début qui
évoque sans broncher l’oeuvre bricolo de Pascal
Comelade, et qui donne l’occasion de se familiariser
au chant revêche de l’ex-membre de
Lodger, ‘5 Little Elephants’ s’or
iente dans une direction
folk étonnamment foldingue – où toute
ligne droite est proscrite. Autant la démarche
peut surprendre, voire rebuter, dans les premiers
instants, autant ses montagnes russes dadaïstes
achèvent de convaincre au fil des minutes et des
écoutes. A une condition toutefois, oublier toutes
ses certitudes trop ancrées dans un monde sans
aspérités ni angoisses. (fv)


 

Chronique 5 Little Elephants -         Loop (Santiago - Chili)

 

This is a collaboration between Neil Carlill on vocals and lyrics and Charles Eric Charrier in music.
Charrier is part of the duo Man™ and works solo as Oldman. Alongside Biyikyli Rasim has recorded three albums and has worked for soundtracks, painters and choreographers and has performed several concerts.
Neil Carlill was a founding member of Delicatessen with which he recorded three albums in the mid-90s in the English independent scene. Today is a singer and composer in Vedette and Shoosh and has his own solo outfit Airport Studies.
On 'I' have basically a bizarre pop with drawl vocals, slide guitar and austere acoustic guitar. The combination is a somewhat obscure folk pop. Interesting!
http://twindaisiesrecords.webs.com/ and http://hautemagie.com/

Guillermo Escudero
November 2012

 

 

 

Interview de Charles Eric Charrier – Slappytozine

 

Q : Bonjour Charles, Comment vas-tu ?
Ça va.

Q : Parfait, je vais te demander de nous décrire ton parcours musical.
J'ai commencé à jouer de la musique dans les années 80. J'étais assez jeune, j'avais monté un groupe avec des copains qu'était plutôt influencé par le punk et des trucs comme Joy Division. Très vite, on a rencontré trois mecs qui faisaient de la musique avec des réveils, des plaques de taule, etc, on était très emballés par leur musique et on a fusionné les deux groupes. On a fait un truc qui s'appelait Nogodada, ça a duré 7 mois et ça a très bien marché, on a très vite fait une grande scène. Ce fut très fondateur pour moi car on était très libre, on y connaissait rien et on faisait ce qu'on voulait. On avait pas d'argent, c'était de la récup. On a fini par se rendre compte que Einstürzende Neubauten avait la même démarche dans un autre registre musical. Un programmateur nous a expliqué qu'on était un groupe no wave ce qui m'a permis de découvrir d'autres groupes. Après il y a eu Dreta Loreli avec le chanteur de Nogodada, groupe qui a duré 10 ans. On jouait une sorte de Cabaret electroacoustique mi expérimental mi chanson. Ensuite, pendant un an et demi, j'ai rien fait musicalement. Ensuite, fondation de Man avec Rasim Biyikli (qui continue maintenant le groupe en solo), le groupe a duré 10 ans tous les deux. J'ai quitté Man puis je suis parti dans mon aventure solo en prenant plusieurs noms, Charles C. Oldman, Oldman, etc... pour finir par me dire que mon nom me suffisait, je sors maintenant mes disques sous mon nom [Charles Eric Charrier]. J'ai fait pas mal de collaborations, ça m'intéresse beaucoup. [Notamment avec Neil Carlill, disque qui sortira cet été sur TwinDaisiesRecords] Avec le guitariste d'Astrïd, Cyril Seq [qui participe aux albums et concerts de Charles-Eric Charrier sur l'album Silver], nous allons fonder un groupe qui s'appelera FocusIng.

Q : Sur quel matériel joues-tu ?

Je joue sur une Washburn électro acoustique ¾ de caisse, l'AB 80, que j'ai acheté dans les années 80 et qui n'est plus produite. Je joue sur un ampli guitare Fender Tween 100W. Ainsi je n'ai pas un son spécifique de basse électro acoustique, mes deux cordes graves, mi et la, sonnent plus comme une basse tandis que la ré et la sol sonnent plus comme une guitare ce qui me permet de jouer plus sale tout en ayant un son bien défini. Je ne suis pas intéressé par un beau de son basse électro acoustique. Je cherche un son réel qui me correspond.

Q : Quelle est ta conception de la basse et quel rôle lui donnes-tu ?

(hésitation) Fin des années 60, début 70, même si ça existait avant, les bassistes ont commencé à jouer à la fois mélodique et harmonique, ce qui sortait la basse du rôle accompagnateur et cette démarche m'a beaucoup influencé.. J'essaye toujours de traduire des lignes de chants avec mon instrument. Il m'est également arrivé d'accompagner de manière traditionnelle des gens mais ça ne m'a jamais beaucoup intéresser. En fait, j'aime bien sortir les instruments du rôle pour lesquels ils sont prévus.

Q : Comment composes-tu tes lignes de basse ? Utilises-tu des techniques particulières ?

Depuis quelques années, je m'assois à une table, je joue et c'est le morceau qui me dit quand il est fini. Je ne tiens pas compte des styles rythmiques, harmoniques, musicaux, etc. ça ne m'intéresse pas. Quant à la technique je joue beaucoup avec les doigts, c'est un mélange de jeu arpégé et de jeu au pouce. D'ailleirs, je joue beaucoup au pouce, les sonorités qui en découlent sont variées et intéressantes. J'utilise très peu le médiator. J'ai besoin de la sensation physique dans les deux mains.

Q : Un bassiste favori ?

Plein. Le premier bassiste des Cure pour l'aspect mélodique, le bassiste des Stranglers, Charlie Haden, qui m'a fait comprendre l'importance du son. Alexander Hacke et Marc Chung de Einstürzende Neubauten. Marc Chung pour l'implication physique très puissante. J'écoute aussi des bassistes africains, de soul, de funk, c'est très large. Les bassistes de Gainsbourg aussi avec beaucoup de contrechants.

Q : Comment abordes-tu la composition ?

Depuis un certain temps, je me connais un petit peu mieux et donc je sais ce qui ne m'intéresse pas ou plus. La vie que je mène en tant qu'homme a une influence énorme sur la manière de faire les choses, pour moi, il s'agit de s'ouvrir en fait. Laisser advenir quelque chose qui me dépasse. Avant je composais d'une manière plus intellectuelle, c'était bizarre, c'était comme mettre la charrue avant les boeufs. Composer d'une manière intellectuelle pour au final arriver sur scène et pouvoir te lâcher. Donc je mets les boeufs avant la charrue (sourire) Y a pas de méthodes, certains disque je fais tout tout seul. Avec mes musiciens (il hésite) mes collaborateurs plutôt, je leur donne des thèmes, parfois le theme est imposé, ils ne doivent pas en sortir mais doivent trouver leur liberté dans ce cadre, s'émanciper.

 

Q : Comment choisis-tu tes musiciens ?

La plupart du temps, ça se passe humainement. Je me suis jamais dit « tiens je vais prendre cette personne là parce qu'elle joue bien », ça m'est jamais arrivé, ce qu'il m'arrive, c'est de rencontrer des gens et après m'apercevoir qu'ils sont bons (rires). J'ai aussi joué avec des mauvais musiciens.

Q : Tu as déjà eu des mauvaises surprises avec des musiciens ?

J'ai joué avec des mauvais musiciens mais des gens très biens et ça me plait beaucoup. La dextérité musicale, je n'en tiens absolument pas compte, ça peut aussi bien être un plus qu'un moins. Il y a des gens très inventifs qui ne savent pas jouer. C'est surtout important que les musiciens trouvent leur liberté dans le cadre que je leur propose.

Q : Comment leur transmets tu tes idées ? Tu écrits la musique ?

Non je leur joue un thème... Des fois ça peut partir avec un mot, une bribe de rythme, souvent c'est une ligne de basse. Souvent, je commence avec les batteurs et percussionistes, ensuite Cyril (Secq) arrive un peu après , souvent je le laisse jouer, je lui dit 2/3 mots avant, j'ai l'impression qu'il m'écoute pas, en fait il m'a très bien entendu (sourire). Je le laisse jouer et on élague, on enlève tout ce qu'est superflu, je garde l'essentiel par rapport à ce qui est advenu à la base.

Q : Quel rapport as-tu avec la musique modale ?

Il paraît qu'on en jouait beaucoup dans Dreta Loreli mais on le savait pas. C'est la mère d'un copain à nous, qui était prof de musique qui nous a expliqué tout ce qu'on faisait en fait (rires). Quand on a fondé Man avec Rasim, il m'a expliqué beaucoup de choses car il a une grosse culture classique/contemporaine. En fait, j'ai commencé à écouter des musiques africaines et orientales en même temps que le rock très jeune, au final, le concept de musique modale s'est imprégné en moi sans que je le sache.

Q : Est-ce que tu as un cursus musical particulier ?

Autodidacte. J'ai pris un cours de basse adolescent mais je me suis levé au milieu et je suis parti. J'ai eu l'intuition de développer mes défauts pour en faire un style. Les réflexions de mes amis m'ont également aidées à progresser même si il faut passer au dessus des vexations.

Q : Lors de ton unique cours de basse, tu t'es levé et tu es parti, ce que je ne cautionne pas mais tu donnes toi même des cours de basse, décris nous ta manière de voir l'enseignement et la place que l'improvisation doit y prendre.

Ça s'appelle jouer de la musique, ça s'appelle pas tricoter de la musique ou architecturer de la musique... Il faut jouer. Ecriture et improvisation, c'est la même chose, y a pas de différences, c'est un faux débat en fait. Quand on fait quelque chose, on sait pas trop d'où ça nous sort. C'est un faux débat, est-ce qu'il faut improviser tout de suite ? Oui, évidemment. Mon système pédagogique est d'écouter et de mettre le doigt sur les choses qui « empêchent de ». Si l'élève ressent le besoin de développer sa technique, on travaille les deux en même temps. Toujours essayer de mettre d'abord les boeufs et ensuite la charrue. Je pense qu'il est stupide de gaver des gamins avec un langage musical. J'écoute et la plupart du temps, je pose des questions aux élèves pour qu'ils cernent eux même leur blocage.

Q : Quels sont les compositeurs qui t'influencent ?

Il y a des gens et des groupes que j'aime beaucoup et d'autres dont je n'aime pas la musique mais je respecte le travail parce que je trouve ça super bien foutu.

Q : Des noms pour cette dernière catégorie ?

Les mecs qui bossent pour Britney Spears par exemple. Debussy pour certaines choses, ça me touche pas mais je trouve ça brillant. Après... (hésitation) Il y a des groupes ou gens qui m'ont bouleversé, qui ont changé ma vie. Einstürzende Neubauten, ce groupe est fondamental pour moi. Il reste quelques disques qui m'ont bouleversé.

Q : Deux trois noms peut-être ?

Gainsbourg, Talk Talk, Alla, Mamoud Ahmed, Neubauten, Suicide et les Sex Pistols pour des raisons extramusicales.

Q :En fait, t'es un punk !

Ce que j'ai pris du punk, c'est « t'as envie de le faire, fais-le ». Ce qui m'a impressionné chez Johnny Rotten, c'est la capacité d'un mec à peine sorti de l'adolescence, de laisser sortir tout de lui. Positif ou négatif. J'ai trouvé que c'était d'une générosité gigantesque, ce que je trouve très rarement dans la musique.

Q : Maintenant, on va parler de ton public : quel public touches-tu ?

(Rires) J'en ai strictement aucune idées. (longue réflexion) Ecoute, je vais te dire un truc, un jour sur google, je suis tombé sur un type qui voulait monter un groupe et qui me citait dans ses influences. Je vois pas ce que je peux demander tellement de plus. Ça m'a touché. [Fait amusant, ce type, c'était moi]

Q : Est-ce que ta musique est accessible ?

… T'as que des questions à la con ! (rires) (pause) Est-ce que ma musique est accessible ? Oui... Mais pas dans tous les magasins.

Q : Est-ce que t'as regretté d'avoir signé sur certains labels ? Ainsi, certains albums maintenant culte, comme le premier de Man, sont introuvables.

Regretter, non. Mais que certains dirigeants de label me déçoivent, oui. Le seul truc auquel je pense est un album que j'ai sorti en CD-R et que j'aimerais bien rééditer en CD.

Q : Est-ce que tu privilégies maintenant de travailler avec des labels locaux ? Par exemple, tu travailles avec JointVentures Records (« Oldman » en 2011), et TwinDaisies Records (une sortie cet été) qui sont tous les trois des labels nantais.

J'ai pas d'a priori vis-à-vis de l'endroit où je vis, au contraire. Mais je me verrai pas me cantonner à sortir exclusivement sur des labels étrangers ou sur des labels locaux. Par exemple, le disque qui va sortir sur TwinDaisies avec Neil Carlill sort en collaboration avec un label Américain, Haute Magie, et je trouve ça super. Le tout premier album de Man est sorti sur un micro label nantais, le Lézard Elastique, donc oui j'ai jamais craché là dessus. Evidemment, certains labels donnent plus d'éclairage, comme SubRosa par exemple où tu changes de monde médiatiquement parlant. Pour moi, y a pas de petits ou de grands labels, y a des gens qui font ça sérieusement ou pas. 

 

  

 

Deuxième partie

Q : Le premier morceau de l'album Helping Hand de Man, You're In For It, est très particulier, ça commence comme un morceau dancefloor, je pensais au début que je m'étais trompé de morceau. Pourquoi avoir fait un tel morceau avec Man, qui est plutôt orienté, post rock/expérimental/electro acoustique ?

Le propos, c'était pas de faire un morceau dansant, c'était de faire comme un film, se retrouver dans une boîte de nuit, observer quelqu'un est dans la perdition, mais la perdition en rose, pas un truc destroy dramatique. En fait, la forme n'a pas d'importance pour moi, c'est vraiment ce que ça véhicule qui est important. On ne s'est pas posé la question de comment les gens qui connaissaient Man allaient prendre ça. On s'en foutait. Le reste de l'album n'est pas rose et avec cette première piste, on annonçait directement la couleur.

Q : J'écoutais ce matin le morceau Sunny Afternoon African Charge de l'album Two Heads Bis Bis et j'ai senti une influence africaine au niveau de la ligne de basse. Charles, tu as inventé l'afro noise ?

Ça a rien à voir avec la musique africaine, franchement...

Q : J'ai trouvé que la ligne de basse avait une empreinte africaine...

(Blanc) Le propos formel du disque, c'est comme quelqu'un qui n'a jamais voyagé et qui rêve d'un continent, l'Afrique en l'occurrence, et il se trouve que c'est une Afrique purement fantasmée à la limite du surréalisme et c'est parti d'un conte que j'avais écrit. C'est deux têtes dans un marché africain, d'ailleurs il y avait pas de villes, pas de pays, et elles sont en train de se parler et ne se sont pas aperçues qu'elles sont mortes. Et ils espèrent que l'été prochain, il fera meilleur donc tu vois, c'est pas de la musique africaine. C'est un fantasme d'Afrique. Plus en profondeur, c'est quelque chose qui s'articule autour du chaos.)

Q : Je vais te parler du son de l'album, le morceau est construit sur un duo basse/batterie qui est enregistré d'une manière très particulière (mauvaise, lâchons le mot), la batterie est lointaine, on l'entends résonner, la basse est distordue, sans aucune profondeur...

Tout à fait.

Q : Pourquoi avoir choisi de l'enregistrer de cette manière ?

En fait, c'est un mélange d'enregistrements qui frôlent l'amateurisme, un SM57 posé au milieu de la pièce pour capter le duo basse/batterie avec l'ampli posé juste à côté de la batterie et le micro à 2 mètres du sol et le reste c'est hi fi et numérique [tous les re re de percus, de bruitages, de guitares, etc...] J'avais besoin de cette confrontation entre quelque chose d'hyper crade et mal enregistré mais où il y a énormément de jeu avec quelque chose de super clean, qui s'affrontent pour au final marcher ensemble. Donc oui la manière d'enregistrer la basse et la batterie est un choix délibéré et assumé, c'est pas par défauts.

Quant à notre manière de fonctionner avec Ronan, je posais le micro par terre sans rien lui expliquer, j'ai commencé à jouer mes lignes de basse et il m'a accompagné.

Q : C'est étonnant, certaines réponses rythmiques basse/batterie sont très adroites, à la limite du casse-gueule, tout en retombant toujours sur vos pattes au final.

Oui mais Ronan, c'est un excellent batteur aussi. Et ça faisait aussi plusieurs années qu'on bossait ensemble donc il connaissait bien mon jeu.

Q : Je vais te parler d'un album que tu as produit : Gold & Wax de Lokka. Comparé aux autres efforts de Lokka (Eps, la deuxième album qui n'est pas encore sorti...), je trouve qu'on sent vraiment ta touche musicalement.

Je suis pas d'accord avec toi, j'aurais vraiment pas fait les choses comme ça.

Q : L'utilisation des field recording me rappelle ta musique.

Y a pas de field recording conscient, ce sont des field recording qui captaient l'ambiance des lieux où on se trouvait. C'est pas une volonté musicale. Et certains fields recording n'en sont pas. Ce sont des constructions par rapport au milieu d'où viennent les gars, à savoir le monde ouvrier. Moi je viens pas de ce monde là. Il s'agissait de... (longue pause) ...Par rapport à leur demande, de s'éloigner du fantasme et d'aller vers ce qu'ils sont vraiment. Ils avaient quelques morceaux prêts, des idées. Je leur ai proposé de tout mettre à la poubelle et de repartir de zéro. Et ensuite j'ai passé mon temps à les aider à accoucher de quelque chose. Mais il n'y pas d'influences musicales de moi, toutes les notes, ça vient d'eux. Je les ai simplement aidé à les articuler par rapport à ce qu'ils sont eux. Je les aidé à élaguer en leur posant des questions « Pourquoi tu joues ça ? », etc...

Q : J'ai terminé, tu veux parler de quelque chose en particulier ?

J'aimerais bien une clope (rires)
lope

 

 

 

Interview Twin Daisies Records HARTZINE 
 

l_562ac0612cbd46f288f5416566e0141cLe monde de la musique est rempli d’esthètes du quotidien aux convictions bien trempées. Le genre d’individus débordant d’enthousiasme et dont la capacité à transformer le réel  pourrait faire peur au plus forcené des syndicalistes.  Nous avons rencontré l’un deux, du côté de Nantes, là où justement la musique souterraine française est souvent parvenue à bousculer les partis-pris des décideurs d’en-haut. L’artiste en question n’est autre que Smith Smith, membre du groupe Lokka, dont le premier album Gold & Wax (Joint Venture Records, 2010) produit par le trop méconnu Oldman nous avait enfin permis d’écouter un groupe autre que canadien capable de nous réjouir avec autant d’envolées post-rock et qui, en défricheur patenté vient tout juste,  avec Twin Daisies Records, de créer sa petite entreprise de trésors cachés. Petit tour du propriétaire en une poignée de questions et surtout de réponses bien senties.

Que faisais-tu avant d’être patron de label ?

Je ne me considère pas vraiment comme patron de label mais je peux faire semblant ! Twin Daisies Records est encore jeune et pour le moment je me verrais plus comme quelqu’un qui tente de mettre des artistes en valeur avec peu de moyen… Sinon j’ai occupé mes dix dernières années à travailler en intérim avec quelques périodes de chômage.

D’où t’es venue cette idée un peu folle de créer, développer et gérer un label indépendant ?

Ça fait longtemps que l’idée à germé dans ma tête mais je ne me sentais pas la maturité de mener un tel projet… Et puis, au bout d’une petite dizaine d’années passées à autoproduire les albums de notre groupe Lokka et les compilations Molecules 5 j’ai eu le sentiment que c’était possible ! L’envie était au rendez-vous, j’avais tout le matériel à disposition et la foi alors je me suis lancé.

 

Quels sont d’ailleurs les labels étrangers qui t’ont le plus influencé dans ton projet ? Autrement dit as-tu des modèles dans le domaine ?

Non je n’ai pas forcément de modèle type.  J’aime beaucoup les productions du label Constellation et j’apprécie les valeurs de Ruralfaune. A côté de cela il y a une multitude de micro-labels américains qui m’ont influencé par leur côté DIY…

Pourquoi d’ailleurs l’avoir décliné en sous-entités et quelles sont les particularités de chacune d’elles ?

Effectivement Twin Daisies Records est une sous-division de Joint Venture Records dont je suis aussi membre. Nous avons souhaité que nos projets communs ou personnels continuent d’être liés, cela devrait offrir d’ici peu une belle diversité musicale. Nous sommes trois à mener Joint Venture Records qui est en quelque sorte la maison mère qui produit les albums de Lokka, Fissa Fissa et bientôt Charles-Eric Charrier. (Oldman, ndlr) De mon côté j’ai lancé Twin Daisies Records en début d’année 2010 et Nico (un des membre de JVR) s’apprête à lancer Upupa Epops Records qui sera une nouvelle sous-division ! Nos labels personnels nous permettent d’exprimer d’autres visions avec une grande liberté tout en gardant le soutien et l’appui de Joint Venture Records.

Ton projet est marqué d’une identité et de valeurs fortes que tu défends, peux tu nous expliquer ce parti-pris ?

Il y a une telle ouverture sur la culture aujourd’hui via le net qu’il est un peu difficile de s’y retrouver parfois ! Tout me semble démesuré et flou, dématérialisé. J’ai tendance à me perdre… J’essaie juste de ramener cet ensemble vers une forme de simplicité en produisant de petites éditions limitées. Je souhaite que cela serve les personnes avec qui et pour qui je fais ça… Leur donner l’envie de perdurer et de mettre en avant leur travail. C’est cool d’avoir quelqu’un qui vous tend la main de temps en temps !

Est-ce plus facile à Nantes, ville , à l’instar de Bordeaux ou Angers, l’excellence musicale n’est plus à démontrer ?

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C’est vrai qu’il y a énormément de groupes intéressants à Nantes et que ça bouillonne ! Je viens d’ailleurs de produire 100 exemplaires de Pillow Pilots (Jf de Margo & Jc de Gong Gong).  Malgré tout, vis-à-vis de mon travail manuel de fabrication qui fait de moi un ascète je ne profite pas particulièrement du mouvement nantais. Et puis je ne cherche pas à devenir un label qui sortirait uniquement des groupes locaux, je préfèrerais trouver un équilibre entre le local et l’international.

Tu sors notamment tes albums sur format K7 ; est-ce que ça a encore un sens à l’ère du tout numérique ? L’objet musical n’a t il de valeur que sous un aspect physique et matériel ?

Je ne me pose pas la question de cette manière, ça m’aide à y répondre autrement. J’ai grandi avec les K7, j’ai aimé les K7 et j’aimerais produire des artistes sur K7.  Ca sonne un peu Francis Cabrel quand c’est dit de cette manière mais c’est aussi simple que ça. Et puis il y a des artistes qui désirent être produit sur ce format, ça revient beaucoup aux Etats-Unis tout comme le vinyle… Il me semble que les ventes de vinyles augmentent chaque année pendant que celles du CD s’effondrent, c’est assez significatif ! Les gens ont tendance à retourner vers l’objet et les belles pochettes et/ou téléchargent. Donc oui l’aspect physique et matériel apportent tout de même “une valeur” à un album mais ce n’est qu’un aspect. Le plus important reste la musique constituant cet album.

Comment imagines-tu l’industrie musicale dans dix ans ?

Sincèrement je n’en sais rien ! Peut-être comme un champ de bataille genre Verdun ! En tout cas il y aura encore des vinyles, c’est le seul truc dont je suis sûr !

Quels sont tes rapports avec les artistes que tu signes ? Comment les choisis-tu ?

Il y a deux choses qui comptent à mes yeux. Premièrement, il faut que le projet musical me touche sincèrement. Deuxièmement, il faut que je me sente en adéquation avec l’artiste et son projet. Quand ces deux conditions sont aux rendez-vous il n’y a plus de barrières et le reste se fait naturellement en général.

Peux-tu nous présenter tes prochaines sorties ?

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Hé bien il y a un album de Mike Bruno (USA) & un maxi de Pillow Pilots (France) qui viennent de sortir, pour parler un peu du présent. Sinon les prochaines sorties sont prévues pour la fin de l’année.
Il y aura un album de Berlikete (Italie) qui sortira sur CD-R. L’album est composé d’un seul morceau de 45 minutes qui ne cesse d’évoluer autour d’ambiances lourdes et hypnotiques… Une autre sortie suivra dans la foulée, ce sera D.En. Tout reste à définir, du coup je ne peux pas trop en parler ! Mais ce sera bien ! Dans les projets plus lointains, j’aimerais retravailler avec Mike Bruno.

Quels artistes rêverais-tu de signer ?

A Silver Mount Zion / Nisennenmondaï / Daniel Johnston.

As-tu des projets parallèles?

Oui quelques-uns. Je suis guitariste dans le groupe LOKKA, nous avons sorti notre premier album Gold & Wax en fin d’année dernière et nous travaillons en ce moment sur le prochain. Sinon je fais partie du collectif Molecules 5 et du label Joint Venture Records. Il m’arrive de sortir des albums en solo de temps en temps sous le nom de Smith Smith.

Pour finir, ta playlist idéale ?

01. A Silver Mount Zion - 1,000,000 Died To Make This Sound / 13 Blues For Thirteen Moons
02. Nirvana - Scentless Apprentice / With The Lights Out (disk 3)
03. The Velvet Underground - Heroin / The Velvet Underground And Nico
04. Daniel Johnston - Chord Organ Blues / Yip Jump Music
05. Oneida - Part 1 / Preteen Weaponry
06. Portishead - We Carry On / Third
07. Oldman - Ghosts / Two Head Bis Bis
08. Nisennenmondaï - Kyuukohan / Neji Tori
09. Mike Bruno - Halloween Moon / The Sad Sisters
10. P.i.l - Poptones / Metal Box
11. Sonic Youth - Stereo Sanctity / Sister
12. Angelo Badalamenti - The Pink Room / B.O. Twin Peaks (Fire Walk With Me)

 

HARTZINE

 

FOCUS / Interviews

Un article signé Benoit

 

July 24, 2010
 
 
 
 
 

SMITH SMITH

"Underground Water"

Twin Daisies Records

 

 

Que l'on ne sache pas vraiment qui se cache derrière Smith Smith
n'a pas vraiment d'importance. C'est aussi bien car cela apporte une
dose de mystère autour d'un disque qui apparait comme une chose
improbable et complêtement innatendue. Il faut dire qu'Underground Water
incarne parfaitement le nom qu'il s'est donné à travers une musique
électronique sombre, malsaine, crasseuse, volontairement dâtée et à la
froideur grise et paranoïaque. En soit, Underground Water ferait presque
peur mais il rappelle que son approche schizophrène renvoie directement
à toute une veine cold qui a sévit dans les années 80 qui encore
aujourd'hui subit le mépris d'experts en musicologie de comptoir. Quoi
qu'il en soit, Smith Smith minimalise ses effets, joue en vase clos et
cherche délibérément à créer une atmosphère à la limite du suffocant.
Cela n'a rien de rassurant et, pour tout dire Smith Smith ne souhaite
pas l'être. Pendant une cinquantaine de minutes et sept titres en forme
d'onomatopée, Underground Water plonge de plus en plus
profondément et met en avant une musique qui verse dans une sorte de
casus belli psychologique purement anxiogène. Peu arrivent à ce résultat
avec aussi peu de moyens. Il faut remonter à ces fameuses 80's pour
retrouver des performances équivalentes. Pour autant, on doute que Smith
Smith puisse faire des émules. Premièrement parce que le disque n'a
bénéficié que d'un assez faible tirage. Ensuite, sa beauté toute
psychanalytique renvoie aux entrailles de la folie. Qui s'y risquerait ?
Bien qu'il ne fut pas le premier, Smith Smith a sauté le pas. Ce sera
donc à vos risques et périls mais s'y vous en revenez la récompense sera
plus grande que vous ne croyez.

par Fabien, chronique publiée le 14-09-2010
 
 
 
 
 
 

PILLOW PILOTS

"We used to dive in the nettles"

Twin Daisies Records 

 

"Pulsomatic" 

Composé de JC, jovial et habité batteur, déjà repéré au sein de Gong Gong, et de JF, guitariste sophistiqué et discret, œuvrant dans Margo, Pillow Pilots livre une indie-pop rappelant parfois Blonde Redhead, quand ils biberonnaient à Sonic Youth, pour le côté abrasif de leurs compositions, mais aussi les paysages sonores oppressants et subtils de Labradford. À ce terreau riche et essentiel viennent s’ajouter des éléments plus électro qui finissent de donner à Pillow Pilots son identité propre. Laissez-les piloter votre oreiller !
Bar du lieu unique avec Jeunes filles en fleur, vendredi 11 juin.

(Ö) "Okul" : Chronique Doommantia

 

 
(<Ö>)
"Okul"
Twin Daisies Records

O is a fascinating French one man band who has released a equally interesting Drone, Doom, Ambient album called "Okul". The music contained in these 7 tracks are some of the most beautifully constructed, atmospheric Ambient Droning pieces made for some time. The music is based around effective guitar techniques that evoke imagery and a atmosphere of deserted desert plains and other barren landscapes, it almost plays out like a movie soundtrack leaving your imagination to create the scenes involved. This is minimalism in its purest form but at the same time, it evokes a mesmerizing atmosphere that is sometimes haunting and threatening. "Under The Light Of A Black Temple" is one such piece with creepy guitar work that is chilling and that could also be use as a tool for lucid hallucinations. The sound flows rather than crawls like a lot of other Droning, Ambient bands and therefore it is very easy to listen to but is best suited to late night listening or at times where meditative music is required. "Burst Sand" and "Hostile Blue" have a almost bluesy type of Drone vibe with sounds that evoke feelings of sadness and isolation. There is some brief moments where the guitar lines echo of a Pink Floyd song but it is in no way copying anything. Other times bands like Earth spring to mind for a reference point but once again, this is too original. Take the 5 minute point during "Hostile Blue" where the music builds to a almost symphonic peak, pretty impressive stuff for a one-man band. The guitar speaks, cries and sings at times creating various moods and reflective moments. "Sad And Empty" is another incredibly moving piece of music, dark, dramatic and melancholic. The guitar sound for the most part is very clean but moves its way from front and center to a sound that makes it sound distant and removed. "The Bridge" is one of the highlights even though the entire album is very consistent from start to finish. The western soundtrack vibe is evident again, conjuring up images like a old western movie displaying tumbleweeds blowing across dusty roads. The feeling you get with this album is isolation and that danger is right around the corner. Its a essential album for the Ambient music fan or the Drone/Doom listener that is a bit more adventurous than most, its the perfect soundtrack for your next acid trip or just to simply listen to while meditating or relaxing. Beautifully played and produced, the CD is limited to 50 copies in handmade packaging. Check the Myspace for details. 9/10

www.myspace.com/oga-music

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(Ö) "Okul" : Chronique Doom Metal Front Zine

(<Ö>)
"Okul"
Twin Daisies Records


Okul was reviewed in Doom Metal Front zine #3:
 

With "Okul" the french one-man projekt (Ö) released an exceedingly interesting debut album. Who needs the influence of known Doom icons, if there exists the combination of Neil Young and Jim Jarmusch?! Anno 1995 Jarmusch filmed the classic Western "Dead Man", which Young underlayed with an impressing sound collage. At the point, where the movie finished musically, (Ö) consequently set in. Over seven songs, which solely rely on effectful guitar play, the movie’s atmosphere and sound are continued. After the introducing first track one is going on a trip into the rough world of outlaws and bandits. The pictures of Iggy Pop sitting at the campfire eating beans right before his exodus appear in front of my eyes. Minimalism in its purest form is served by the songs, which come along in a very sluggish manner. Rarely one feels somewhat like an instrumental breakout, as Neil Young still would have tried fifteen years ago. A comparison with Earth stands to reason, because of the sound parallels, which are obvious. But at no time the French pendant sounds like a copy, but like an independent and  impressing variant of bluesy Drone Doom. Unfortunately the main character of "Dead Man" was killed at the end of the movie - but "Okul" could have been the soundtrack for the sequel. 9 of 10 points

 

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(Ö) "Okul" : Chronique les Immortels

(<Ö>)
"Okul"
Twin Daisies Records





Souvent, l’écoute de compositions permet d’accéder à une narration, faite d’histoires ou de scènes tantôt graves, tantôt insignifiantes. Dans d’autres cas, ce sont des atmosphères, des tableaux qui sont dépeints, laissant ainsi le soin à l’auditeur de recomposer le fil de leur survenue ou de leur disparition. Ces procédés, connus, confèrent un aspect rassurant à l’expérience : une fois la technique identifiée, il est possible de poser quelques balises le long des pistes.
En revanche, il est plus surprenant de se retrouver face à un projet qui ne délivre que les échos d’une trame. Un peu à l’image de ce que les vestiges ou autres fossiles peuvent apporter comme précisions sur leur époque : le plus important n’est pas tant la découverte que son exploitation. En matière musicale, une autre difficulté se greffe : l’intervention de la validation scientifique, ou de la réfutabilité chère à Karl Popper, est inopérante. Chacun se trouve alors prisonnier de sa propre vérité.
Dans Okul, (..)  ne semble pas prodiguer tous les éléments de ses compositions. Si des accords, des plages, des vibrations sont bel et bien joués, la construction se poursuit tout autant dans l’emploi du silence, partie prenante des ambiances instillées. Les titres ne livrent ainsi qu’une partie des informations qu’ils ont pu recueillir, à l’image d’un bas-relief patiné par le temps. Seules les réminiscences d’une époque lointaine, par le temps ou l’espace, sont encore accessibles. A celui qui écoute de se perdre en conjectures.
Pour déstabilisant qu’elle puisse être, la technique utilisée n’est pas dénuée d’intérêt. Elle peut certes sembler stérile voire ennuyeuse, mais parvient quoi qu’il en soit à créer une atmosphère particulière, prompte à générer une projection dans l’entrelacs des courbes des temps et des notes.

by Alkayl



          Playlist
Okul
Under the light of a black temple
Burst sand
Hostile blue
Sad & empty
The Bridge
At the end of the path

(rires)